Adieu play-ins, auf Wiedersehen phases de groupe : les play-offs du VCT Ascension EMEA sont là et ça devient sérieux. Il ne reste plus que quatre équipes avec la perspective d'une place pour le VCT EMEA 2024 à l'horizon. Gentle Mates, Acend, SAW et Apeks ont chacune les yeux rivés sur cette précieuse récompense. Mais avant de parler de ça, revenons sur la saison pour nous rappeler comment on en est arrivés là. Nous avons demandé à Tomek Borowka, le directeur projet des Challengers EMEA, ce qu'il pensait des performances des ligues cette année, et de ce qu'on peut en attendre plus tard, à l'approche de la conclusion d'Ascension.
Quelle ligue Challenger s'est distinguée, selon toi, cette année ?
C'est terriblement difficile d'en choisir une, parce qu'on a assisté à de belles performances dans toutes les ligues, cette saison, avec des résultats constants dans tous les splits. Les finales en clôture de saison ont été absolument électriques, notamment en Espagne, en Italie, au Portugal et en Europe du Nord. Le niveau de jeu était tel qu'on avait du mal à suivre, même si j'ai regardé toutes les parties que je pouvais ! L'un des plus beaux exemples des rivalités qui se sont mises en place à l'intérieur des différentes régions pendant cette saison, c'est le duel, en France, entre JobLife et Gentle Mates, pendant lequel tout le monde retenait son souffle. Le match a cumulé 171 000 spectateurs simultanés à un moment, pour vous dire à quel point leur soutien a été indéfectible.
Comment s'en sont tiré les deux nouvelles ligues Challenger (Portugal et Italie) ? Tu trouves qu'elles se sont bien défendues ?
On n'aurait pas pu espérer mieux que ce que nous ont offert ces deux ligues pendant la saison. Elles ont toutes les deux démarré sur les chapeaux de roue dans la saison inaugurale et prouvé aux autres qu'elles n'étaient pas là pour rigoler. De grandes équipes ont émergé dans les deux ligues, et leur progression dans les deux premiers splits a été remarquable. GTZ et SAW ont particulièrement prouvé leur valeur et fait taire tous les doutes sur la légitimité d'une région Portugal. L'Italie est loin d'avoir démérité aussi, DSYRE et GMT ont été au rendez-vous pendant tous les splits et ne manqueront certainement pas de s'émuler l'une et l'autre dans la prochaine saison. Ces deux régions qui étaient fondues dans la ligue Spain Rising l'année dernière ont déjà démontré qu'elles pouvaient tenir seules et renvoyer tous les coups qu'on oserait leur porter. Je ne pense pas qu'on attendra bien longtemps avant de voir une équipe de ces pays les représenter au VCT EMEA.
Beaucoup de ligues ont été remportées par des équipes inattendues, cette saison. T'attendais-tu à un tel niveau de compétition ?
Quand on sait avec quelle application ces équipes ont passé des heures et des heures d'entraînement, ce n'est pas très surprenant. Les équipes de chaque ligue savent de quoi les autres sont capables et doivent maintenir un haut niveau de performance si elles ne veulent pas se laisser distancer. Les pros auxquels j'ai parlé n'ont cessé de me répéter combien leurs fans ont apprécié l'intensité de la compétition. Même si MOUZ a terminé première des deux splits de la saison classique de DACH, CGN Esports a réussi à se hisser deux fois dans les play-offs de la région pour sortir victorieuse. Le classement n'est gravé dans le marbre d'aucune ligue, dont les équipes s'incitent constamment les unes les autres à rester à niveau. C'est la preuve éclatante de la professionnalisation du circuit Challengers où tout le monde se bat pour atteindre le palier suivant.
Ce sera bientôt la première fois que certains pros joueront non seulement en personne, mais aussi en public. Penses-tu que la pression affectera leur niveau et leur sang-froid ?
À 100 %. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Les play-offs exigeront des joueurs qu'ils donnent tout et qu'ils s'adaptent à un environnement complètement nouveau, gèrent le son, les lumières et le public en même temps. Jouer dans un stade n'a rien à voir avec le confort de son environnement habituel, que ce soit chez soi ou au QG de son équipe. On ne joue plus à domicile, et tous les yeux sont sur vous dès l'instant où vous montez sur scène jusqu'à l'ultime spike posé ou désamorcé. C'est différent de tout ce qu'ils ont jamais connu, et ça prend tellement aux tripes : les vivats des fans plongent tout le stade dans leur énergie et ont dirait presque qu'ils sont juste derrière vous à vous encourager. Je ne vois pas comment ces nouvelles sensations pourraient ne pas galvaniser les joueurs et les pousser au maximum de leurs capacités. Ces derniers jours sont le point d'orgue de tout ce pourquoi ils ont travaillé cette saison, et puisqu'en plus le vainqueur se qualifiera pour le VCT EMEA, les enjeux sont plus importants que jamais.
On n'y est pas encore, mais que signifiera une victoire au VCT Ascension EMEA pour l'équipe qui la décrochera ?
Je ne saurais trop insister sur toute la différence que ça fera pour l'équipe gagnante. Quels que soient les progrès qu'elle a fait jusque là, ce changement de dimension la renvoie quasiment à la case départ. Il suffit de prendre l'exemple de FUT Esports, lors de la dernière saison. En l'espace de 12 mois, ils sont passés d'une victoire dans les ligues régionales de VALORANT à une qualification pour les Champions où nul ne remet en cause leur légitimité. La place au VCT EMEA est certes la récompense à gagner, mais toute l'expérience est enrichissante. Elle exigera que les joueurs fassent preuve de résilience, mais les nombreuses leçons qu'ils retiendront de ces affrontements dans leur ligue Challenger les aideront à grandir en tant qu'équipe. Il ne faut pas oublier non plus l'effet qu'aura une victoire sur le reste de la communauté, qui verra dans ce succès un modèle à suivre. Et si la plupart des équipes Challenger auront vu la gagnante comme une rivale pendant la saison, je suis certain qu'elles la soutiendront l'année prochaine et l'encourageront à renverser la table au VCT EMEA 2024 où les pros sont installés un peu trop confortablement.
La gagnante du VCT Ascension EMEA sera qualifiée pour le VCT EMEA de l'année prochaine, penses-tu que cette étoile montante a vocation à bousculer les tenantes du titre ?
Sans aucun doute. Les Challengers débordent d'un talent qui ne demande qu'à passer à la vitesse supérieure. Je ne pourrais pas tous les citer, mais « YaBoiLewis », chez FOKUS, « Keiko », chez Apeks, « russ », chez S2G et « logaN » de Gentle Mates ont tous prouvé leur valeur dans les derniers matchs. Et si les fans n'ont pas manqué de passion pour les équipes Challengers pendant le tournoi Ascension, il ne faut aucun doute que certaines équipes du VCT EMEA les ont également suivies de près. La suite du tournoi montrera qui est capable de tenir sous la pression, et ça ne m'étonnerait pas qu'on voie apparaître quelques « nouveaux » visages dans les équipes du VCT EMEA de la prochaine saison.
Pour conclure, quelles leçons as-tu retenues des Challengers de cette saison, et auront-elles un impact sur ce qu'on peut attendre des prochaines éditions ?
Ce qui est certain, si ça ne l'était pas déjà, c'est à quel point les ligues Challengers sont vitales dans l'écosystème de l'e-sport VALORANT, et à quel point elles jouent un rôle essentiel dans l'émergence de nouveaux talents. Nous ne sommes encore qu'au début du voyage, mais déjà nous avons vu les différentes régions grandir et développer leurs propres personnalités. Le niveau d'engagement du public n'est pas égal d'une ligue à l'autre, mais ce n'est rien d'étonnant dans une région aussi complexe que l'EMEA, avec les priorités particulières de chaque territoire. Notre objectif actuel est que les Challengers restent une voie attractive aux enjeux constamment élevés vers la professionnalisation, et certaines leçons apprises cette saison se concrétiseront dès le début de l'année prochaine. L'environnement Challengers évolue en permanence pour continuer de proposer aux équipes une expérience enrichissante et un événement toujours très attendu par nos fans.